Marguerite Stern et Dora Moutot viennent de publier un livre sur le phénomène trans intitulé Transmania aux éditions Magnus, une maison d’édition d’extrême droite, cofondée par Laurent Obertone, et qui, outre Obertone, publie de nombreux auteurs d’extrême droite (Papacito, Marsault, etc.).
L’année dernière, Stern avait accordé une interview au média d’extrême droite « Livre noir », dirigé par des chrétiens suprémacistes blancs. Outre quelques remarques exactes et importantes ici et là, sur lesquelles il n’y a pas grand intérêt à revenir parce qu’elles n’ont rien d’original ou d’extraordinaire, je retiens :
• Qu’elle affirme que, vu leurs comportements, les noirs et les arabes sont possiblement violents et violeurs en raison de leurs gènes.
• Qu’elle invoque des statistiques trompeuses qu’elle interprète sans une once d’esprit critique (sur la violence, la pauvreté, la densité de population, entre autres).
• Qu’elle affirme : « Le féminisme et la gauche m’ont rendue grosse et moche. » Et aussi : « Ça fait […] bien longtemps, peut-être des années, que j'ai pas lu un livre féministe, que j'ai pas écouté un podcast féministe, tout simplement parce que je n'apprends plus rien. »
• Qu’elle chante les louanges de l’auteur d’extrême droite Julien Rochedy, qui, selon elle « écrit extrêmement bien », « est vraiment très profond » et « fait partie des rares personnes qui pensent le monde réellement ». Selon Stern, « c’est même scandaleux que les grands médias ne lui donnent pas plus la parole ».
• Stern n'apprend « plus rien » dans le féminisme, alors que chez « Julien Rochedy [elle a] appris quelque chose ». Certes, elle a « certains désaccords » avec lui, mais il s'avère qu'elle est « incapable de [les] citer ».
Il y a quelques jours, une interview de Stern est parue dans Valeurs Actuelles, dans laquelle on apprend qu’elle pense désormais que l’Église catholique a, en France, « un rôle structurant ». Et plus récemment encore, elle a partagé un discours du royaliste Philippe de Villiers en le présentant comme « magnifique ».
Moutot a elle aussi accordé une interview au média « Livre noir » l'an dernier, dans laquelle elle soutient que le phénomène trans est un symptôme de la « décadence » de l’Occident.
Xénophobie, nationalisme, défense du catholicisme, nostalgie d’un passé glorieux de l’Occident. Stern et Moutot embrassent la ligne idéologique de l’extrême droite. Sans surprise, elles se sont réjouies lorsque Marion Maréchal a fait la promotion de leur livre sur les réseaux sociaux, et l’ont chaudement remerciée.
Sans surprise non plus, la gauche transidentitaire s’est insurgée contre le livre et est parvenue à faire retirer les affiches qui en faisaient la publicité dans diverses grandes villes (au passage, on notera qu’une telle campagne a dû couter un tas de pognon ! Le fric et les réseaux des identitaires, c’est pratique pour faire la promo d’un livre !). La censure est aujourd’hui un réflexe, de l’extrême gauche à l’extrême droite.
On se retrouve donc avec un affrontement pitoyable, et nous quelque part dans la mêlée, sous les tirs croisés entre identitaires et transidentitaires, et l’extrême droite qui monte, qui monte, qui monte. Pas exclusivement à cause du phénomène trans, mais en partie à cause de lui. Or : « Quand l'extrême droite progresse chez les gens ordinaires, c'est d'abord sur elle-même que la gauche devrait s'interroger. »
Beaucoup de gens voient bien que quelque chose cloche dans le phénomène trans. Qu’il est a minima étrange d’appeler « femme » un être humain adulte de sexe masculin qui prétend qu’il est une femme (et qui le justifie en invoquant un tissu d’idées confuses et de stéréotypes sexistes). Qu’il est a minima étrange de vouloir bloquer la puberté d’enfants mal dans leur peau et de leur proposer de les médicaliser à vie en leur prescrivant des hormones de synthèse (aux effets secondaires mal connus, mais assez délétères d’après le peu qu’on sait), puis des amputations chirurgicales.
À partir de là, si vous interdisez le débat sensé et respectueux à gauche, évidemment que la droite montera en s’en emparant.
Pour éviter que seule la droite publie sur le sujet, avec Audrey A., on a écrit un livre : Né(e)s dans la mauvaise société : Notes pour une critique féministe et socialiste du phénomène trans.
Sans surprise, mais malheureusement quand même, aucun média de gauche ne nous a approché·es.
Malgré tout, sans aucun relai médiatique, sans aucun « influenceur » pour faire notre promo, simplement par le bouche-à-oreille, et via notre autopromotion sur le web, on a vendu près de 500 exemplaires. C’est peu, mais c’est déjà ça. Et sans aucune promo, aucune diffusion en librairie, c'est déjà pas mal.
Si vous vous souciez de tout ça, si le sort des enfants, des femmes, la justice, la raison, l’honnêteté vous importent, si vous ne souhaitez pas que tout ce merdier favorise l’essor de la droite et de l’extrême droite, vous pouvez vous procurer notre livre, nous aider à en faire la promotion, par exemple auprès de vos ami·es, de votre libraire, dans votre parti politique si vous êtes encarté·e, etc. Et parler, vous exprimer, nous aider à contrer la censure que certains tentent d’imposer à gauche.
Pour commander le livre : https://www.partage-le.com/produit/dans-la-mauvaise-societe/
Merci de bien remettre les choses à leur place.
La gauche n a pas offert à Dora Moutot et Marguerite Stern la possibilité d éditer leur livre.
Elles ont trouvé refuge là où elles ont été accueillies. Du moins c'est ce qu'elles prétendent.
Je ne connaissais pas les commentaires de Stern sur Rochedy, ni sur la génétique comme explication à la délinquance.
C'est troublant !
Merci de tenir une position rare, anormalement rare parce que terriblement sensée.
Is there an English translation of this book?