Le mythe de l’« enfant trans », une nouvelle forme de maltraitance des enfants
Ou comment pousser les enfants à se dissocier de leur corps
Le rapport des sénateurs LR sur le sujet fait couler beaucoup d’encre. La gauche vocifère des absurdités en défense d’une idéologie qui prétend qu’il existerait des « enfants trans ». Vraiment ? Qu’est-ce donc qu’un « enfant trans » ?
Selon la CAF, il s’agirait d’enfants « nés dans le mauvais corps », d’enfants qui se déclarent « d’un autre genre que celui assigné à leur naissance ». Mais à quoi le « genre » fait-il référence dans une telle phrase ? S’agit-il du sexe ? D’autre chose ? Aucune explication. Le Wiki Trans affirme : « On est trans par le simple fait de ne pas s’identifier au sexe (et donc au genre) qui nous a été assigné à la naissance […]. » Et ajoute :
« La transidentité peut se manifester par un sentiment personnel qu’il y a un décalage entre plusieurs choses :
le genre qui a été assigné par le corps médical à la naissance ;
la façon dont la personne est perçue par la société en termes de genre ;
et la perception de sa propre identité. »
Dans ce dernier paragraphe, le terme « genre » est manifestement utilisé pour désigner des choses différentes, et là encore, il n’est jamais défini. Ces lignes du Wiki Trans qui parlent d’un « décalage » évoquent cependant le concept d’« incongruence de genre », souvent utilisé comme critère fondamental du diagnostic de la « transidentité ».
Dans la dernière version de sa « classification internationale des maladies », l’OMS place l’« incongruence de genre » parmi les « conditions liées à la santé sexuelle », et la définit comme :
« une incongruence marquée et persistante entre le genre vécu par un individu et le sexe qui lui a été assigné, qui conduit souvent à un désir de “transition”, afin de vivre et d’être accepté en tant que personne du genre vécu, par le biais d’un traitement hormonal, d’une intervention chirurgicale ou d’autres services de soins de santé visant à rendre le corps de l’individu conforme, autant que souhaité et dans la mesure du possible, au genre vécu ».
Toujours selon la classification de l’OMS, chez l’enfant, « l’incongruence de genre » se caractérise « par une incongruence marquée entre le genre vécu/exprimé d'un individu et le sexe qui lui a été assigné », elle « se traduit notamment par un fort désir d'être d’un genre différent du sexe assigné » ainsi qu’une forte affinité pour les « jeux de faire semblant ou d’imagination [make-believe or fantasy play], les jouets, les activités et camarades de jeu qui sont typiques du genre vécu plutôt que du sexe assigné ».
La classification de l’OMS ne précise malheureusement jamais ce qu’elle entend par « genre ». Il est donc difficile de comprendre ce que ces diagnostics désignent au juste. Ce qui est a minima très inquiétant, étant donné que ces critères sont utilisés pour traiter médicalement voire chirurgicalement des mineur·es. Cependant, au travers de choses comme la mention des « jouets » et des « activités » prétendument « typiques du genre vécu », il apparaît nettement que le concept de l’« incongruence de genre » chez l’enfant, comme celui de la « transidentité » en général, repose, au moins en grande partie, sinon en totalité, sur les stéréotypes sociosexuels que la culture dominante, patriarcale, assigne aux deux sexes.
Remarquons au passage que le sexe n’est pas « assigné » à la naissance. Contrairement à ce que suggèrent tous les propos cités jusqu’ici, le sexe est une caractéristique naturelle de tout être humain, qui se développe pendant la gestation, et qui, dans l’immense majorité des cas, peut être constaté avant la naissance par divers moyens, ou bien à la naissance.
Remarquons aussi que dans les explications de la transidentité, les termes « sexe » et « genre » semblent souvent utilisés de manière interchangeable, ce qui créé un problème majeur, vu que la transidentité semble, selon ses théoriciens, découler d’un décalage — d’une « incongruence » — entre une chose appelée « genre » et le sexe.
Prenons d’autres exemples. Selon le Larousse, une personne « cisgenre » est « une personne dont l’identité de genre est en adéquation avec le sexe assigné à sa naissance ». Tandis qu’une personne « transgenre » est « une personne dont l’identité de genre n’est pas en adéquation avec le sexe assigné à sa naissance ».
Même son de cloche, à peu près, du côté d’Amnesty, qui nous explique que les personnes « transgenres » sont celles « dont l’identité de genre diffère du sexe qui leur a été assigné à la naissance ». L’« identité de genre » correspondant, toujours selon Amnesty, et de manière assez tautologique, « à l'expérience intime et personnelle de son genre profondément vécue par chaque personne, qu'elle corresponde ou non au sexe assigné à la naissance ». Mais le « genre », là encore, n'est jamais défini.
Bref.
Ce qui devrait apparaître, bien que confusément, c’est que le concept de « transidentité » — et donc aussi celui de l’« enfant trans » —, repose sur l’idée selon laquelle il pourrait y avoir « inadéquation » ou « incongruence » entre un type de corps sexué (un sexe) et une « identité de genre », sachant que celle-ci semble désigner, là encore confusément, une sorte de personnalité. Comme le suggère l’idée d’être « né dans le mauvais corps », cela implique un dualisme corps/esprit, c’est-à-dire une perspective selon laquelle le corps et l’esprit font deux et peuvent être en inadéquation. Tout ce que nous savons, toutes nos connaissances scientifiques, nous enseignent l’inverse. Comme l’explique le célèbre professeur de neurologie António Rosa Damásio, « un esprit, ce qui définit une personne, requiert un corps » et « un corps, un corps humain, assurément, engendre naturellement un seul esprit. Un esprit est si étroitement façonné par le corps et destiné à le servir qu’un seul et unique esprit pouvait y faire son apparition. » (Le Sentiment même de soi : corps, émotion, conscience, Odile Jacob, 1999)
Aucune personnalité, aucune « expérience intime et personnelle » du soi n’est en « inadéquation » avec le corps qui la produit. Selon toute probabilité, celle ou celui qui s’imagine que son corps ne va pas avec son esprit s’est fait embobiner par d’infâmes charlatans.
Pour le dire encore autrement, la « transidentité » et donc l’idée de l’« enfant trans » reposent sur l’idée selon laquelle à un type de corps sexué doit correspondre un type d’« identité de genre », soit un type de personnalité. Ce qui constitue une proposition lourdement normative, scientifiquement irrationnelle et politiquement sexiste, puisqu’une telle idée implique que les êtres humains de sexe féminin doivent, normalement, développer une « identité de genre » féminine : apprécier le rose, les robes, les talons hauts, le maquillage, etc.
Comme le remarque le biologiste états-unien Colin Wright :
« La plupart des gens comprennent que les termes “homme” et “garçon” désignent respectivement les adultes et les jeunes de sexe masculin, et que les termes “femme” et “fille” désignent respectivement les adultes et les jeunes de sexe féminin. Il ne s’agit pas d’“identités”, mais de faits objectifs concernant l’âge et le sexe biologique d’une personne. »
La “transidentité”, en revanche, correspond à un système de croyances selon lequel ce qui fait d’un individu une femme ou une fille, ou un homme ou un garçon, n’a rien à voir avec son sexe, mais repose entièrement sur les rôles sociaux et les stéréotypes auxquels il s’“identifie”. Par conséquent, une personne qui s’identifie aux rôles et stéréotypes féminins est une fille ou une femme, et une personne qui s’identifie aux rôles et stéréotypes masculins est un garçon ou un homme — indépendamment de son sexe biologique. »
Selon ce système de croyances, ajoute Wright, « les personnes qui ne s’identifient pas aux rôles sociaux et aux stéréotypes généralement associés à leur sexe sont considérées comme “transgenres” ».
En soutenant que les personnes qui ne correspondent pas aux stéréotypes généralement associés à leur sexe n’appartiennent pas vraiment à leur sexe, par exemple qu’une femme qui n’est pas féminine n’est pas vraiment une femme, ce système de croyances avalise les idées régressives et oppressives « contre lequel les groupes de défense des droits des femmes et d’autres droits humains se sont battus pendant des décennies » (Wright).
Et pire encore. Car non seulement le système de croyances trans prétend qu’il peut y avoir « inadéquation » entre un corps sexué et une « identité de genre », mais en outre il prétend qu’il est possible de remédier à cette « inadéquation » à l’aide d’hormones et de chirurgies.
Et comme le note Colin Wright, « vu que les adultes sont généralement plus difficiles à convertir, comme n’importe quel prosélyte religieux vous le confirmera », les thuriféraires de l’église trans « se tournent de plus en plus vers les enfants ».
Un des moyens les plus courants qu’ils utilisent pour endoctriner les jeunes consiste à normaliser la pratique prétendument « inclusive » du partage des pronoms. La question « Quels sont tes pronoms ? » constitue souvent la première rencontre d’un enfant avec le système de croyances transidentitaire. Il s’agit, autrement dit, d’une première étape courante dans la fabrication de ce qu’on appelle « les enfants trans ».
Colin Wright remarque :
« Cela s’avère efficace parce que le fait de demander à un enfant quels sont ses pronoms sépare mentalement les termes “il” (en tant que référence aux garçons et aux hommes) et “elle” (en tant que référence aux filles et aux femmes) du sexe biologique pour les associer plutôt à “l’identité de genre”. Cette question amène l’enfant à réfléchir sérieusement à sa propre “identité de genre”, un concept nouveau pour lui qui sera inévitablement basé sur les stéréotypes masculins et féminins qu’il associe respectivement aux hommes et aux femmes.
La “personne gingenre” (ci-dessous) est un outil pédagogique couramment utilisé afin d’enseigner aux enfants ce qu’est l’identité de genre, définie de manière confuse comme “la manière dont vous, dans votre tête, vivez et définissez votre genre, en fonction de votre alignement (ou non) sur ce que vous comprenez des options de genre” (NdT : sur l’image ci-après, la définition de l’identité de genre est plus incompréhensible encore : “comment vous, dans votre esprit, définissez votre genre selon votre conformité (ou non-conformité) à ce que vous pensez être les options de votre genre”). Et au cas où le recours aux stéréotypes fondés sur le sexe ne serait pas assez explicite, “l’identité de genre” est représentée à côté de l’illustration par des degrés de “féminité” et de “masculinité”, et ses composantes sont les suivantes : “traits de personnalité, emplois, passe-temps, goûts, dégoûts, rôles, attentes”.
Les livres pour enfants et adolescents constituent un autre moyen fréquemment employé par les idéologues du genre afin d’endoctriner la jeunesse. On peut par exemple mentionner l’ouvrage I Am Jazz, qui raconte l’histoire de Jazz Jennings, un jeune garçon décrit dans le livre comme étant « différent des autres enfants » parce qu’il « avait un cerveau de fille dans un corps de garçon ». D’autres livres plus récents, tels que Call Me Max et Jack (Not Jackie), abordent des thèmes similaires, mais mettent en scène des jeunes filles qui croient être des garçons parce qu’elles présentent un comportement et des préférences plus typiques des garçons. De nombreux parents ont rapporté que leurs jeunes enfants avaient exprimé une certaine confusion quant à leur “identité de genre” après avoir découvert ces livres.
Lorsqu’ils sont introduits à ces concepts, que ce soit par le biais de livres ou par des questions sur leurs pronoms, les enfants “non conformes au genre” [NdT : ou “de genre non-conforme”, ou encore “non-conformes du genre”, là encore, comme cette expression nous vient des États-Unis et qu’elle est confuse, les manières de la traduire sont nombreuses], qui sont plus susceptibles de devenir des adultes gays et lesbiennes, ainsi que les enfants qui ne se considèrent pas comme des parangons de masculinité ou de féminité, en viennent à croire qu’ils sont “trans” ou “non binaires” ou finissent extrêmement confus. Cette confusion peut provoquer en eux une détresse considérable, parce qu’elle bouleverse leur idée antérieure (parfaitement exacte) selon laquelle leur sexe faisait d’eux des garçons ou des filles. Désormais, on leur dit que leur corps et leur esprit pourraient ne pas être “alignés”, et, le cas échéant, qu’ils pourraient le devenir grâce à des hormones et des opérations chirurgicales.
[…] Rétrospectivement, la dysphorie de l’enfant ayant déclenché cette cascade morbide d’événements n’apparait pas inévitable — elle a été initiée par une idéologie absurde qui s’est installée dans l’esprit de l’enfant suite à la lecture d’un simple livre ou à une question sur ses pronoms, et la transition sociale et les bloqueurs de puberté l’ont cimentée.
C’est ainsi que l’on transforme des enfants normaux en “enfants trans”. »
« Enfant trans » est un label insensé que des adultes intellectuellement confus ou malhonnêtes plaquent sur des enfants confus. Pire, bien souvent, les enfants que l’on dit « trans » sont atteints de divers problèmes de santé ou psychologiques qui sont, eux, bien réels. De multiples études montrent que 43 à 75 % des adolescent·es souffrant de « dysphorie de genre » présentent au moins un type de comorbidité psychiatrique. Les plus courants étant les troubles anxieux, les troubles de l’humeur, la dépression, les troubles de l’alimentation, les troubles du spectre autistique, les troubles dissociatifs de l’identité, la toxicomanie ou encore les traumatismes infantiles.
Pour continuer à examiner l’idée de l’« enfant trans », voyons comment les adolescent·es y sont exposé·es par le biais de la littérature jeunesse.
Météore est un « roman pour ados » d’Antoine Dole paru en janvier 2020 chez Actes Sud, qui promeut les idées trans, et qui a été encensé dans toute la presse. Télérama l’a décrit comme « un roman époustouflant sur la transidentité […] lumineux d’intelligence et de sensibilité, célébrant la vie et la liberté ». Dans Libération, on a pu lire : « Antoine Dole, qui n’a pas son pareil pour évoquer avec une poésie précise la mélancolie enfantine ou adolescente, joue ici des éclairages crépusculaires ou solaires, comme sur une scène. » Dans Le Parisien : « Un texte fort et bouleversant qui permet d’aborder avec intelligence la transidentité. » Et ainsi de suite.
Sur la quatrième de couverture, on lit :
« Née garçon, Sara a dû grandir dans un corps qui n'était pas le sien, contrainte par les attentes et les règles fixées par les autres. »
Le ton est donné. Le livre promeut un dualisme corps/esprit d’un autre âge – et en même temps très actuel.
« C’est quoi être un garçon ? C’est quoi être une fille ? », se demande le protagoniste.
« Est-ce que c’est avoir les cheveux courts et porter du bleu ? Est-ce que c’est avoir des gros seins et se maquiller ? Est-ce que c’est juste une façon de modeler son âme ? »
Des interrogations confuses, mais qui peuvent plus ou moins se comprendre. Le problème, c’est la réponse immédiatement fournie :
« Ce n’est pas être un corps. Nos corps ne sont que des boîtes […]. »
La seule réponse juste, la seule réponse logique, est écartée, sans aucune justification cohérente, simplement dans une sorte de mépris du corps, qui évoque de vieilles idées surannées (le dualisme de Platon ou de Descartes), mais qui s'inscrit aussi parfaitement dans le stade transhumaniste du capitalisme technologique : « Nos corps ne sont que des boîtes. »
Dans le roman d'Antoine Dole, le corps est même assimilé à des « barreaux d’os et de cartilage », à des « murs de chair et de peau qui vous séquestrent depuis l’enfance ».
« Si j’étais une fille dans mon cœur, alors pourquoi mon corps était celui d’un garçon ? », se demande encore le protagoniste.
Car selon Antoine Dole et selon le système de croyances transidentitaire en général, et pour reprendre les termes de Colin Wright, « ce qui fait d’un individu une femme ou une fille, ou un homme ou un garçon, n’a rien à voir avec son sexe, mais repose entièrement sur les rôles sociaux et les stéréotypes auxquels il s’“identifie” ».
Mais comment le protagoniste de l’histoire d’Antoine Dole sait-il qu’il a un corps de garçon, si être un garçon ou une fille n’a rien à voir avec le corps sexué ?
L’idéologie trans est un nœud de contradictions.
Et pourquoi pense-t-il être une fille dans son cœur ?
Sans doute parce qu’il s’est achetée « une petite robe […] en prévision des beaux jours ». Et aussi parce que, comme il l’explique : « ma mère raconte que j’aimais jouer avec les filles et que je préférais les poupées ».
En effet, selon l’idéologie qui se prétend la plus progressiste aujourd’hui, robe et poupées = fille. Les stéréotypes font la fille, ou le garçon, ou la femme, ou l’homme. Le garçon du roman de Dole l’affirme explicitement. C’est sa « féminité » qui fait de lui une fille.
L’idéologie trans prétend que les garçons « effeminés » sont des filles et les « garçons manqués » de véritables garçons — et s’attaque à leurs corps pour tenter d’inscrire ce mensonge dans leur chair. Il s’agit d’une nouvelle forme d’homophobie, soutenue par des théorisations sans queue ni tête et par le recours aux hormones et à la chirurgie. Le protagoniste de Météore s’en défend : « Je n’étais pas homosexuel. J’étais une fille qui aimait les garçons. » Quand l’idéologie trans s’empare d’un garçon homosexuel, elle prétend qu’il s’agit d’une fille hétérosexuelle.
Dans un livre paru l’an dernier, Hannah Barnes, une journaliste de la BBC au Royaume-Uni, note que, d’après des données récoltées sur une année entière (entre 2012 et 2013), plus de 90 % des jeunes femmes (mineures) référées à la clinique pédiatrique Tavistock (la principale du pays) pour des motifs liés à leur prétendue « identité de genre » sont soit homosexuelles soit bisexuelles — seuls 8,5 % sont hétérosexuelles. Chez les jeunes hommes (mineurs), le taux d’homosexualité ou de bisexualité s’élève à 80,8 % — seuls 19,2 % sont hétérosexuels. Les chiffres les plus récents de la clinique Tavistock, en date de 2015, montrent toujours un taux d’homosexualité supérieur à 50 % chez les filles comme chez les garçons. Barnes souligne aussi que dans l’étude hollandaise considérée comme pionnière pour le traitement de la dysphorie de genre chez les mineur·es, publiée en 2010, plus de 90 % des jeunes hommes et des jeunes femmes étaient homosexuel·les. (Barnes montre également que 97,5 % des jeunes traité·es à la clinique Tavistock souffrent « d’autisme, de dépression ou d’autres problèmes susceptibles d’expliquer leur mal-être »).
Des employé·es du service dédié à l’« identité de genre » de la clinique Tavistock au Royaume-Uni ont d’ailleurs reconnu avoir eu l’impression de convertir de jeunes personnes homosexuelles en personnes hétérosexuelles.
Toute la littérature jeunesse qui présente les idées trans aux adolescent·es véhicule les mêmes idées absurdes. Prenons un autre exemple, le roman Stay Gold de Tobly McSmith paru en français en 2021 chez Pocket Jeunesse. Une des protagonistes affirme : « Je suis né[e] dans un corps de fille, mais je ne suis pas une fille. Je n’ai jamais eu le sentiment d’être une fille. Je suis un garçon. Tout en moi est un garçon, à part mon corps. »
En réalité, tout en elle est fille. Simplement, elle a des goûts et des préférences culturellement associés aux garçons. Comme elle l’explique elle-même, quand elle était petite, elle préférait « jouer dehors avec les garçons, [se] salir et collectionner les cartes de joueurs de base-ball », elle « détestai[t] les robes et refusai[t] d’en porter » : « On me traitait de garçon manqué et, au fond, j’aimais bien ça. »
Quand l’idéologie trans s’empare d’une fille que notre culture sexiste qualifie de « garçon manqué », elle l’amène à penser qu’elle est un vrai garçon, et lui propose d’altérer son corps en conséquence.
Le message — irrationnel, incohérent et sexiste — que ces livres transmettent aux enfants est hautement toxique. Alors insistons :
Non, l’esprit et le corps ne font pas deux. Un esprit n’est pas prisonnier d’un corps. Esprit et corps sont indissociables. Ils forment un tout.
Oui, ce qui fait d’un individu une fille, une femme, un garçon ou un homme, c’est la réalité matérielle de son corps sexué et son âge. Et c’est tout.
Un corps sexué n’a pas à aller de pair avec un type d’identité quel qu’il soit. Être de sexe féminin ou de sexe masculin, être une fille ou un garçon, n’a pas à déterminer le genre de vêtements que l’on peut porter, la longueur des cheveux que l’on peut avoir, le type de jeux auquel on peut jouer, et ainsi de suite. Un garçon peut aimer les robes, la danse, le rose et détester le football — il ne cesse pas pour autant d’être un garçon, ça ne fait pas de lui une fille. Croire l’inverse serait aussi absurde que sexiste. Une fille peut aimer la boxe, le foot, le bleu, avoir les cheveux courts, porter des pantalons — elle ne cesse pas pour autant d’être une fille, ça ne fait pas d’elle un garçon.
Comme nous l’écrivons dans notre livre :
« les termes “fille” et “femme” ne désignent pas des choses (“identités de genre”) que n’importe qui peut incarner (ou être, ou devenir) en s’y “identifiant”. Ils désignent, au sens propre, des réalités matérielles et biologiques. Les mots fille/femme désignent respectivement la femelle jeune/adulte de l’espèce humaine, et les mots garçon/homme, le mâle jeune/adulte de l’espèce humaine. Et si la langue française, comme la plupart des langues (sinon toutes), comprend des termes pour désigner respectivement la femelle jeune/adulte et le mâle jeune/adulte de l’espèce humaine, c’est pour la très bonne raison qu’il est pratique d’avoir des termes pour distinguer spécifiquement :
1. La femelle et le mâle chez l’espèce humaine, puisqu’il existe des femelles et des mâles chez bien d’autres espèces. Il existe d’ailleurs, dans la langue française (comme dans bien d’autres), des termes pour désigner les mâles et femelles de certaines espèces autres qu’humaines : la femelle (adulte) du cheval est appelée “jument”, la femelle (adulte) du mouton, “brebis”, la femelle du cerf, “biche”, etc.
2. L’âge (approximatif, relatif au fait d’avoir atteint la fin de sa croissance) de la femelle humaine ou du mâle humain : la jeune femelle humaine est dite “fille”, le jeune mâle humain est dit “garçon”, la femelle humaine adulte est dite “femme” et le mâle humain adulte “homme”. De même, le jeune mouton mâle est dit “agneau” et la jeune femelle “agnelle”, le jeune cheval mâle est dit “poulain” et la jeune femelle “pouliche”, etc.
Telle est la raison d’être des termes “fille”, “femme”, “garçon” et “homme”. Et contrairement à ce que prétend étrangement le “zététicien” Thomas Durand, cofondateur de la chaîne YouTube intitulée “La tronche en biais”, au quotidien, et en général, c’est toujours dans ce sens (pour désigner ces réalités matérielles et biologiques) que la plupart des gens emploient ces mots (quand une mère parle de sa fille, elle ne fait pas référence à une personne ayant un “rôle social” ou une “identité de genre” de fille, elle parle de sa fille, son enfant de sexe féminin). Si “l’usage fait loi” en linguistique, comme l’avance Durand, ce ne sont donc pas des “genres” ou des “rôles sociaux” que ces termes désignent, mais l’âge approximatif et le sexe des individus, en accord avec les principales définitions qu’en donnent les dictionnaires.
C’est pourquoi il est inexact, sinon mensonger, de prétendre que les mots “fille”, “femme”, “garçon” et “homme” désignent des “ressentis”, des “sentiments internes”, des “convictions intimes”, des “genres” ou des “rôles sociaux” dont n’importe qui pourrait se réclamer, ou que n’importe qui pourrait incarner (être ou devenir) en s’y “identifiant”. Certes, ils ont été et sont parfois encore utilisés comme tels, mais au sens figuré, et de manière essentialiste et donc sexiste (par exemple lorsqu’on dit d’un homme qui pleure qu’il est une “fillette” ou une “femmelette”, lorsqu’un homme dit d’un autre qui se montre trop sensible à ses yeux qu’il est une femme, ou lorsqu’on dit d’une fille qui aime le football ou le bricolage qu’elle est un “garçon manqué”). La “transidentité”, le système de croyances trans, repose entièrement sur une sorte de supplantation du sens propre par le sens figuré. Le sens figuré, le sens imagé, le sens métaphorique devient la réalité — et la réalité disparaît. Une mystification infantile (on apprend à distinguer sens propre et sens figuré à l’école primaire) à laquelle un tas de gens adhèrent frénétiquement et agressivement comme sous l’emprise d’une psychose collective. »
Le mythe de l’« enfant trans » est une nouvelle forme de maltraitance des enfants qui, au nom de motifs incohérents et sexistes, les encourage à se dissocier de leur corps, et qui propose de médicaliser et d’opérer chirurgicalement celles et ceux qui ne sont pas conformes aux stéréotypes culturellement associés à leur sexe.
Comme l’écrit Colin Wright :
« Sur le seul plan conceptuel, il s’agit d’une régression extrême. Cela équivaut à rejeter des décennies de travail des militantes pour les droits des femmes qui, à juste titre, ont combattu les idées sexistes et oppressives que constituent les rôles socio-sexuels traditionnels et se sont battues afin de permettre aux individus qui ne s’y conforment pas de ne pas subir de stigmatisation sociale. Prescrire des interventions chirurgicales et des médicaments aux effets irréversibles pour le corps à des enfants — pour la raison qu’ils ne s’y conforment pas — est un scandale médical d’une ampleur effrayante. »
En conclusion, non, il n’existe pas d’« enfants trans », parce qu’aucun enfant n’est jamais « né dans le mauvais corps », et parce qu’aucune personnalité n’est « en inadéquation » avec le corps qui la produit.